dimanche 13 juillet 2008

Aamir (2008)






Voici un petit film qui a su se faire remarquer immédiatement. Sorti en mai 2008 en Inde, le film a bénéficié d'un bouche-à-oreille remarquable, et ce à la suite de critiques dithyrambiques de la part de la presse. Succès surprise dans les multiplexes, ce film au format court (1h38) est-il à ce point réussi ?

Tout d'abord, parlons de l'histoire,.... et puis non. Justes quelques mots pour vous donner l'eau à la bouche, mais moins on en sait, plus on appréciera le film. Aamir est un jeune indien de confession musulmane, qui revient à Mumbai après avoir fait des études de médecin en Angleterre. Un scénario digne d'une romance masala habituelle à première vue, sauf que là aucune Pooja ou Namrita ne l'accueillera pour une demande en mariage. Dès la deuxième scène on est pris dans le film, et on décollera plus de son siège jusqu'au générique de fin.

Abordant avec finesse la destinée, la religion, le courage, le fondamentalisme religieux, le réalisateur impressionne. Pour son premier film, il réalise d'une main de maître. Le rythme est soutenu (alors que tout est centré sur un personnage), les prises de vue sont superbes, les mouvements de caméra et les plans sont au taquet, et la musique de fond tonitruante ! Car Raj Kumar Gupta, le réalisateur d'Aamir, a su s'entourer des meilleurs nouveaux visages de la technique du cinéma indien. Espérons qu'il ne s'enferme pas dans un mutisme nombriliste comme Anurag Kyashap (l'auteur de Black Friday), pour réaliser son deuxième film.
Il a demandé à Amit Tridevi de réaliser la musique et il ne s'y est pas trompé. Les chansons sont peu nombreuses mais agréables, et le fond sonore est superbe.
Le rôle principal est tenu par un débutant au cinéma, Rajeev Khandelwal, aperçu dans quelques séries TV. Là encore, ce nouvel acteur fait figure d'espoir largement plus impressionnant qu'un Harman Baweja ou Ranbir Kapoor ! Rajeev est Aamir, aucun doute là dessus, une performante oscarisable.

Si mon speech ne vous donne pas envie de voir Aamir, alors j'aurai failli à ma mission. Car autant de qualités dans un film indien, surtout en ce moment, c'est impardonnable de passer à côté !!!!!

8,5/10

samedi 21 juin 2008

Musique : Mehbooba


Mehbooba est un film resté très longtemps dans les cartons. Initialement prévu pour le début des années 2000, il ne sort finalement qu'en 2008. Ce supposé handicap s'avère être finalement un point très intéressant pour tous les amoureux de mélodies. A l'heure où les rythmes technoides peuplent la musique de film hindi, Mehbooba fait la part belle aux tablas, harmonium, violons et autres dhol.


Achchha To Abb Main Chalta Hoon (Sonu)

Une chanson convenu sans relief, qui s'appuie sur un rythme dance, sur des violons omniprésents et la voix mielleuse de Sonu. On sent avec ce titre que les années passent. La production est en effet assez hésitante, les breaks sont improvisés et la mélodie pas impérissable.

5/10

Babuji (Alka)

On redécouvre avec plaisir une Alka juvénile, pleine de fougue et d'entrain. Elle dynamite ce titre avec une interprétation sans failles. Ismael Darbar nous gratifie de sa formule magique qui a fait le succès de la BO de Devdas. Des choeurs masculins et féminins s'entremèlant en un dialogue musical avec la chanteuse, le tout agrémenté d'orchestration grandiloquente et de percussions omniprésentes. Une réussite à l'ancienne.

8/10

Deewana (Aslam Sabri, Sonu, Sukhwinder)

Dès les premières notes, le ton semble donné. Harmonium,voix éraillée à la qawalli, et tabla minimalistes nous emportent. Pourtant, l'entrée en scène de Sonu apporte une douceur inattendue pour une chanson qui s'éloigne du qawalli pour revenir vers un style classique de l'époque.

6,5/10

Dilruba (Udit)

La voix envoutante d'un Udit des grands jours se déchaine sur une mélodie taillée sur mesure dans laquelle il peut exprimer la pleine mesure de ses capacités vocales. Ce n'est pas du tout une chanson romantique, mais plutôt une chanson festive et ultra-rythmée, syncopée par une multitude de dhol et d'instruments à vent dignes du meilleur mariage.

8/10

Khwabon Ki Rani Hai (Udit)

On est clairement en terrain familier (trop ?). La mélodie est ultra-classique et semble être déjà entendue. Les fans, comme nous, de Jatin-Lalit, seront comblés. Néanmoins le manque d'originalité flagrant nous oblige à modérer la note, malgré l'aisance d'Udit en solo.

6,5/10

Kuchh Kar Lo 1 (Shankar Mahadevan, Kavita)

Un titre d'ambiance, assez mystérieux, qui s'inscrit dans la tradition des musiques de thrillers. La mélodie et l'instrumentation nous rappelle une autre oeuvre de Darbar pour le film Deewangee, qui avait aussi inspiré Himesh Reshamiyaa pour le film Humraaz. On verrait bien cette chanson figurer dans un masala de Abbas Mustan.

5,5/10

Kuchh Kar Lo 2 (Sonu, Kavita)

Cette deuxième version est largement plus traditionnelle, puisqu'elle est portée par des choeurs et des percussions, s'inscrivant dans la lignée des oeuvres de Darbar telles que Hum Dil De Chucke Sanam et Devdas. La chanteuse sous-estimée et bien trop rare, Kavita, nous gratifie d'une belle performance.

6,5/10

Kuchh Kar Lo 3 (Kavita)

Cette troisième version de Kuchh Kar Lo est essentiellement instrumentale. Ismael Darbar se lâche et nous démontre qu'il peut réussir quand il veut, des musiques d'ambiance vraiment très réussies.

6,5/10

Tu Meri Mehbooba (Udit)

La chanson promo ne compte pas sur les paroles niaiseuses pour ramener le public. En revanche, sa mélodie imparable et ses notes de mandolines à la "Tujhe Dekha To" de DDLJ nous ramènent dans les grandes heures de la musique de films des années 90. Udit fait une démonstration sur un titre riche, incontournable et qu'on regrette voir se terminer malgré ses 7 min. Gageons quenous aurons la primeur de découvrir de nombreuses courses dans les champs, ainsi que des châles multicolores volants, lors de sa mise en image.

8,5/10

Yaar Tera Shukriya (Udit, Alka)

Le duo romantique par excellence, Udit et Alka, se retrouvent dans ce morceau classique, agrémenté de tablas, violons et même de percussions caribéennes. Même si elle ne brille pas par son originalité, elle ravira les amateurs d'un genre musical aujourd'hui moribond.

8/10

Un voyage dans le temps nous est proposé involontairement par Ismael Darbar grâce à Mehbooba. Ceux qui recherchent l'originalité et les rythmes modernes seront déçus, par contre ceux d'entre vous qui regrettent les mélodies envoutantes d'antan seront comblés par cette BO mélodique et soignée.

Note générale 7,5/10

vendredi 20 juin 2008

Sarkar Raj (2008)

3 Bachchan + 2 gimmicks revus = un gachis


Apatés par la réussite du premier opus sorti en 2005, nous avons plongé dans l'univers sombre (lire insuffisamment éclairé) de Sarkar Raj. On nous promettait un film gangster original et plein de tension, la seule tension que connurent fût celle consistant à maintenir nos lourdes paupières écarquillées. Un nouveau bûcher organisé par Ram "Aag" Gopal Varma.

Malgré le recours à des effets d'éclairage qui se veulent inquiétants et une musique pleine de tension, le film demeure plat et ne parvient pas à nous captiver. La musique omniprésente et assourdissante devient très vite lassante, tout comme les pièces systématiquement plongées dans l'obscurité. Un scénario sans grande surprise digne d'un bon vieux "Hollywood Night" ainsi que des personnages à la psychologie à peine ébauchée limitent l'empathie que l'on ressent à leur égard.


Hormis le jeu maitrisé d'Abhishek Bachchan et dans une moindre mesure celui de son père, pas grand chose à sauver du côté des acteurs. RGV n'est pas capable de retrouver l'intensité des scènes de Company ou Sarkar.
Le seul point intéressant du scénario est malheureusement bâclé et atténue l'effet escompté.
Gageons néanmoins que les fans du clan Bachchan y trouveront leur compte, la facture du film restant tout à fait correcte et supérieure à un Plan ou James.

Par Gorkita et Jawad

4,5/10

lundi 16 juin 2008

Murder (2004)

Sorti en 2004, Murder a défrayé la chronique pour de multiples raisons, la principale étant évidemment la polémique née autour des scènes dénudées de son actrice principale Mallika Sherawat (vue auparavant dans Kwashish). A une époque où le dévoilement de l’anatomie des actrices était encore tabou, le film fit l’objet de protestations très fortes pour être retiré des écrans. Par ailleurs, un an plus tôt un autre film, Jism, avait déjà choqué les puristes à cause de la générosité débordante de l’actrice Bipasha Basu qui nous y montrait l’étendue de ses talents physiques.
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que ces deux films sont issus de la même maison de production, Visheh Films, appartenant aux frères Bhatt.

Si Murder a mis en avant l’actrice Mallika Sherawat pour des raisons visiblement autre que cinématographiques, il a fait également d’elle une star. Le film a récolté un succès totalement inattendu, et est devenu le plus rentable de 2004, rapportant 16 crores et raflant ainsi 4 fois la mise. Il fut le précurseur d’autres productions mélangeant érotisme soft et thriller.
Car Murder est avant un tout un thriller, dénomination un peu prétexte, mais qui suit tout de même les codes du genre. Remake avoué du film américain Unfaithful avec Harrison Ford et Diane Lane, il met en scène une jeune femme, Simran (Mallika), délaissée par son mari Sudhir (Ashmit Patel). Elle revoit un des ses anciens compagnons Sunny (Emraan Hashmi) et va vivre une liaison de quelques semaines avec lui. A noter que le film Unfaithful fut une belle source d’inspiration pour le cinéma hindi, puisque la semaine précédant la sortie de Murder, on pouvait voir sur les écrans indiens Hawas, reprenant la même trame scénaristique mais avec des qualités de production et un casting de seconde zone.

Disons-le d’emblée, Murder n’est pas du grand cinéma. Il s’agit d’un produit bien formaté bénéficiant d’une réalisation soignée malgré un budget minime. L’action se passe à Bangkok, ce qui nous donne l’occasion de voir quelques vues intéressantes de la métropole jusqu’alors peu fréquentée par les réalisateurs indiens. L’autre atout du film est sans nul doute la musique d’Anu Malik, qui met véritablement le film en orbite grâce à ses chansons tubesques. Il a réalisé un bon dosage, alternant des mélodies entraînantes et novatrices, et d’autres plus douces, plus classiques. La bande originale recèle des tubes comme Dilko Hazar ou Bheegi Hont Tere qui ont fait fureur en 2004. On mettra néanmoins un bémol à l’originalité des compositions : le méga-tube Kaho Na Kaho étant tiré de la chanson égyptienne d’Amr Diab ‘Tamally Ma’ak’ sortie en 2000. Cette version a été ensuite reprise par le chanteur pakistanais Amir Jamal. Anu Malik rend à César ce qu’il a volé auparavant, en lui faisant chanter la version de Murder.

On ne s’étalera pas sur les performances d’Emraan Hashmi, ni d’Ashmit Patel (qui s’en sortent bien), mais sur celle de Mallika Sherawat. Elle est crédible du début à la fin dans son rôle de jeune femme délaissée en manque d’affection. Elle excelle évidemment dans les scènes les plus sulfureuses. Mais au-delà de ça, force est de reconnaître qu’elle fait preuve d’un talent vraiment intéressant, et finalement bien supérieur à beaucoup de ses consoeurs tentatrices qui lui ont emboîté le pas. D’ailleurs son rôle dans Pyaar Ke Side Effects en 2006 a confirmé son potentiel artistique.
On retiendra aussi que Murder est le premier long métrage d’Anurag Basu, découvert par les frères Bhatt qui réalisa par la suite Gangster et Life... In A Metro.

Murder ne restera donc pas dans l’histoire pour son originalité artistique : une réalisation des plus académique et un scénario réduit au minimum syndical. Mais on pourra néanmoins apprécier de voir un petit film sympathique, pas dénué de qualités pour autant, et qui malgré sa simplicité, fut le fer de lance d’une vague de films aux concepts similaires, et souvent controversés.

Année : 2004
Pays : Inde (Hindi)
Réalisation : Anurag Basu
Acteurs : Mallika Sherawat, Ashmit Patel et Emraan Hashmi
Scénario : Mahesh Bhatt
Musique : Anu Malik
Producteur : Mahesh Bhatt et Pooja Bhatt
Support : DVD Shemaroo, Sous titres anglais et français

Andaz Apna Apna (1994)




Andaz Apna Apna est l’histoire de deux idiots : Amar (Amir Khan) et Prem (Salman Khan), prêts à tout pour faire fortune. Après avoir liquidé les commerces de leurs parents, ils quittent Bhopal pour Ooty. Ils y font la connaissance de la riche héritière de la famille Bajaj, Raveena (Raveena Tandon), accompagnée de sa secrétaire Karisma (Karisma Kapoor - qui dans ce film garde non seulement son véritable prénom, mais également ses véritables sourcils... à ne pas rater). Afin de mettre la main sur la fortune de la belle, Amar et Prem décident de s’emparer de son cœur. Mais c’est sans compter sur le maléfique sosie du père Bajaj, Teja (Paresh Rawal, excellent dans ce double rôle) et sur le super-vilain masqué ( !) Crime Master Gogo (re- !), qui convoitent eux aussi le magot...


Avec un tel scénario, il eut été difficile de bâtir un drame psychologique. C’est donc une comédie frappadingue qui nous emporte, résultat d’une suite ininterrompue de gags rocambolesques et de situations abracadabrantes. On rit de bon cœur et on ne s’ennuie pas un instant.

Le film est véritablement porté par les excellentes performances des acteurs. Bien sur, Amir est un parfait Amar, son jeu est irréprochable. Plus inattendu, Salman (avant l’hypertrophie musculaire) est extrêmement convaincant et démontre un vrai potentiel comique, peut-être négligé par la suite. L’incroyable Paresh Rawal démontre ici qu’il est aussi à l’aise dans ce double rôle comique que dans le registre dramatique (voir par exemple Tamanna de Mahesh Bhatt).

Les chansons sont sympathiques, sans plus, les images ne sont pas aussi polies que dans les productions ultérieures de Santoshi. Mais là n’est pas l’essentiel : Andaz Apna Apna est une comédie déjantée et hilarante qui n’a d’autre prétention que distraire son public. Une mission accomplie haut la main par ce sympathique film, le seul à ce jour à réunir Aamir et Salman.

Fiche technique : Réalisateur : Rajkumar Santoshi - Année : 1994 - Interprètes : Aamir Khan, Salman Khan, Paresh Rawal - DVD v.o.s-t.a - Durée : 2h34

Khuda Ke Liye (2007)

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La passion de la musique

Khuda Ke Liye est un film pakistanais qui a beaucoup fait parler de lui en 2007. D’une part, en raison du succès qu’il a obtenu : projection dans de nombreux festivals du monde entier (lauréat du festival du Caire), et succès historique au Pakistan avec des recettes d’environ 5 crores... D’autre part, pour le thème qu’il aborde (la religion), et le traitement novateur et salutaire que le réalisateur lui a consacré.

L’industrie du film pakistanais, appelée communément Lollywood (contraction de Lahore et de Hollywood) s’est peu à peu désagrégée à la fin des années 90, notamment à cause des mesures prises par le gouvernement. Si, depuis, l’ambiance est plutôt morose, le film Khuda Ke Liye redonne un semblant de vie à ce cinéma jadis prolifique (jusqu’à 100 films par an). Ainsi, il se démarque des productions habituelles (souvent influencées par le cinéma hindi mais avec des budgets dérisoires et des moyens très limités), qui ne proposent que des films peu fins, et souvent plein de clichés.

Le film de Shoaib Mansoor est tout autre, car il explore la dimension politique d’un sujet très sérieux, et cela de manière assez fine pour ne pas ressembler à une série B. Même si Khuda Ke Liye est son premier film, Shoaib Mansoor n’est pas un novice dans le monde artistique. Après avoir collaboré fortement et même produit le groupe de rock Vital Signs, il a réalisé des clips et pas mal de séries à succès sur PTV, la télévision nationale pakistanaise.

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Tranquille le réveil

L’histoire se déroule au Pakistan, où Mansoor (Shaan) et Sarmad (Fawad) sont deux frères issus d’une famille aisée partageant leur passion pour la musique populaire. Ils essayent de monter des représentations, souvent avortées par les militants islamistes radicaux, qui prônent l’interdiction de la musique pour les musulmans. Un jour, l’un des deux frères sympathise avec un imam radical, Maulana Taheri (Rasheed Naz), qui saura trouver les mots pour amener progressivement le jeune musicien à rejoindre les siens pour participer à la guerre sainte. Celui-ci renoncera alors à sa passion et s’engagera aux côtés des Talibans pour faire passer un message régressif par la violence et la haine des autres. Son frère suivra une voie diamétralement opposée, puisqu’il partagera sa passion musicale dans une école de solfège aux Etats-Unis, pays de la liberté propre à la mixité culturelle. Parallèlement à leur histoire, Leila, jeune fille pakistanaise par son père et américaine par sa mère, souhaite se marier à son copain d’université, un jeune Américain moyen. Son père a d’autres desseins pour sa fille, puisqu’il va profiter d’une de ses visites au Pakistan pour marier Leila de force à Sarmad.

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La sublime Leila

Mais les événements du 11 septembre vont bouleverser la vie de ces trois personnes, et l’insécurité sera vécue des deux côtés du globe terrestre, au Pakistan comme aux Etats-Unis, où la notion de droits ne sera plus la même qu’auparavant...

Khuda Ke Liye (traduisible par Pour l’Amour de Dieu ou Au nom de Dieu), est un film fort, engagé, qui fait réfléchir. Il dépeint deux modes de vie complètement différents, et pose des questions sur la représentation de l’islam dans le monde. Des méthodes employées par les groupes radicaux pour recruter des membres actifs aux conséquences d’un événement comme le 11 septembre sur les populations musulmanes aux USA, le film expose les faits et évite tout manichéisme. Les bons et les méchants sont partout et des deux côtés. On est donc très vite écœuré par les destins tragiques des protagonistes de l’histoire principale.

Evidemment, dans les images dont on a été abreuvé depuis le 11 septembre, que ce soit pendant les journaux télévisés, ou au cours de reportages, le point de vue pakistanais a rarement été exposé, et le film est l’occasion d’avoir une vision différente des événements qui ont précédé ou suivi cette date ancrée dans les mémoires.

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L’après 11 septembre

Portée par une musique originale inspirée de fusion, la bande-son donne une autre dimension au film. Certaines scènes-clé gagnent en émotion grâce à la musique de Rohail Hyatt. Ce compositeur pakistanais n’est pas un novice puisqu’il a été l’un des membres fondateurs du groupe pakistanais Vital Signs, qui connut son heure de gloire à la fin des années 80. De 1987 à 1995, ce groupe de pop a sorti quatre albums, tous produits par Rohail Hyatt, contenant notamment la chanson ultrapo-pulaire Dil Dil Pakistan. On ne peut pas dire néanmoins que l’ensemble de la BO soit homogène, car certaines fautes de goût viennent saborder les jolies compositions qui dominent l’album.

Du côté des prestations de l’ensemble du casting, c’est du solide. Sans être non plus extraordinaire, chaque acteur joue juste.

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Une symbiose musicale

L’acteur vétéran Shaan propose un jeu sobre qui s’intègre complètement au ton du film. Fawad Afzal Khan, à l’origine chanteur fondateur du groupe de rock pakistanais Paradigm (devenu ensuite Entity Paradigm), joue sa partition avec sérieux, interprétant un personnage faible et influençable. L’ex-mannequin Iman Ali a réussi sa reconversion car elle hypnotise la caméra avec son regard et ses expressions. Une vraie révélation, qui a déjà reçu des propositions pour jouer dans des films hindis. La cerise sur le gâteau de ce casting homogène est sans doute la présence de Naseeruddin Shah, qui nous fait la grâce d’une apparition vers la fin du film, avec quelques scènes et tirades vraiment marquantes sur sa vision de l’islam. La scène dans le tribunal, où il réfute une par une les allégations de Maulana Taheri, est un sommet. On peut également souligner que le casting anglophone est compétent, et n’énerve pas le spectateur dans des rôles stéréotypés comme c’est généralement le cas dans de nombreuses productions indiennes.

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Des doutes qui vont tout faire basculer

Dans l’ensemble, Khuda Ke Liye est un film réussi, plein de moments forts, dont le message politique est louable. Une œuvre importante que beaucoup de monde devrait voir, et qui nous montre les contradictions d’un pays et les dilemmes de son peuple. A noter que le film est sorti très récemment en Inde, où il connaît un succès d’estime considérable, plus particulièrement dans les multiplexes, où il réalise des scores inespérés.

FICHE TECHNIQUE :

Réalisateur : Shoaib Mansoor
Année : 2007
Pays : Pakistan
Interprètes : Shaan, Fawad Afzal Khan, Iman Ali, Naseeruddin Shah, Hameed Sheikh
Compositeur : Rohail Hyatt
Scénariste : Shoaib Mansoor
Durée : 2h47
Distributeur : Geo Films
Support : Cinéma

Musique : Jhoom Barabar Jhoom

Après avoir raflé la mise pour leur travail sur Bunty Aur Babli (avec notamment le méga-tube Kajra Re), le trio Shankar-Ehsaan-Loy est de nouveau sollicité par le réalisateur Shaad Ali. Si la BO reflète le fun que le réalisateur a tant espéré mettre en images, la BO n’est pas totalement inoubliable mais reste sympathique.

A l’heure où les bpms électro ont la main mise sur les productions musicales hindi, le trio Shankar-Ehsaan-Loy en profite pour ralentir le rythme et frapper d’entrée avec le titre Jhoom qui est un tube en puissance. Une boucle entêtante et un rythme d’influence punjabi agrémenté d’une basse énorme vous attrapent complètement dès les premières écoutes. La voix rugueuse de Shankar Mahadevan colle parfaitement à l’ambiance du titre et les paroles de Gulzar sont amusantes. En écoutant le titre en entier, on pourra regretter un refrain et une chanson finalement répétitifs à la longue. Mais l’impact créé par la première minute est tellement fort que la chanson mérite le détour.

Pour chauffer la piste de danse, le trio musical nous sort le grand jeu avec un ersatz quelque peu retravaillé de la chanson titre, assorti d’un rythme plus rapide censé faire fureur dans les pistes de danse. JBJ ne mise clairement pas sur la mélodie, mais sur un rythme bourrin et sur une cacophonie vocale qui n’a rien de jouissif. On ne parlera pas des gimmicks en anglais qui ont sans doute pour but de redynamiser le déhanché des NRI, mais on pourra encore s’étonner de la pauvreté du refrain, qui est d’une répétitivité à toute épreuve. Au niveau des paroles, c’est le vide total.

Pour illustrer le clip se déroulant à Paris, Shaad Ali a souhaité utiliser la chanson Ticket To Hollywood. Là encore, S.E.L. mise tout sur le rythme et oublie la mélodie pour distiller ça et là des gimmicks vocaux ou des nappes de synthétiseur. Le tout forme un morceau complètement déstructuré qui pourra déplaire à certains à juste titre, mais qui s’avère assez fun sur le long terme.

Après tous ces bpms et rythmes bourrins, la chanson Bol Na Halke Halke est la bienvenue pour calmer le jeu. Cette fois-ci, c’est la mélodie qui est privilégiée et ce n’est pas pour déplaire aux amateurs de jolies balades. Si elle n’est pas extraordinaire, cette chanson a le mérite d’être une des rares chansons romantiques actuelles pour un film destiné à un public jeune. Les voix de Rahat Fateh Ali Khan et Mahalakshmi Iyer sont parfaites pour nous transporter dans un monde de douceur.

Mais comme le film est destiné à une jeunsesse qui bouge, Kiss Of Love remet en selle les "boum-chack-boum-chack" délaissés le temps d’une chanson. Le résultat est une sorte de pot-pourri (c’est le cas de le dire !) qui s’appuie sur une ligne de basse pourtant efficace mais se perd dans un déluge cacophonique qui veut nous en mettre plein la vue. On a l’impression que S.E.L. nous nargue en nous montrant comment ils rajoutent des effets tape-à-l’oreille et des nappes de synthétiseurs toutes les quinze secondes. Encore une fois les paroles sont totalement absurdes et d’une bêtise abyssale.

S.E.L. s’est visiblement mis en tête que le titre du film est Jhoom Barabar Jhoom, et que le thème du film est recyclable à l’infini. Un pseudo-remix nommé Jhoom Barabar Jhoom rajoute des dhols (percussions), fait intervenir des chants mixtes et nous fait l’honneur de nappes de synthétiseurs jusqu’alors pas encore entendues. Un festival pour conclure l’album, mais qui tourne court lorsqu’on a écouté la version originale. Il vaut mieux basculer de nouveau sur la piste 1 de l’album.

Quand il n’y en a plus... il y en a encore et on a donc le droit à la version instrumentale (Jhoom Jam) du titre phare de l’album, pour nous exercer au karaoké.

Yash Raj nous gratifie d’une BO assez moyenne, qui aurait dû bénéficier de plus d’attention pour être au niveau requis pour ce type de production. Néanmoins, quelques titres plutôt agréables et frais permettent d’y jeter une oreille distraite.


Voir aussi la vidéo du tournage du film à Paris