samedi 21 juin 2008

Musique : Mehbooba


Mehbooba est un film resté très longtemps dans les cartons. Initialement prévu pour le début des années 2000, il ne sort finalement qu'en 2008. Ce supposé handicap s'avère être finalement un point très intéressant pour tous les amoureux de mélodies. A l'heure où les rythmes technoides peuplent la musique de film hindi, Mehbooba fait la part belle aux tablas, harmonium, violons et autres dhol.


Achchha To Abb Main Chalta Hoon (Sonu)

Une chanson convenu sans relief, qui s'appuie sur un rythme dance, sur des violons omniprésents et la voix mielleuse de Sonu. On sent avec ce titre que les années passent. La production est en effet assez hésitante, les breaks sont improvisés et la mélodie pas impérissable.

5/10

Babuji (Alka)

On redécouvre avec plaisir une Alka juvénile, pleine de fougue et d'entrain. Elle dynamite ce titre avec une interprétation sans failles. Ismael Darbar nous gratifie de sa formule magique qui a fait le succès de la BO de Devdas. Des choeurs masculins et féminins s'entremèlant en un dialogue musical avec la chanteuse, le tout agrémenté d'orchestration grandiloquente et de percussions omniprésentes. Une réussite à l'ancienne.

8/10

Deewana (Aslam Sabri, Sonu, Sukhwinder)

Dès les premières notes, le ton semble donné. Harmonium,voix éraillée à la qawalli, et tabla minimalistes nous emportent. Pourtant, l'entrée en scène de Sonu apporte une douceur inattendue pour une chanson qui s'éloigne du qawalli pour revenir vers un style classique de l'époque.

6,5/10

Dilruba (Udit)

La voix envoutante d'un Udit des grands jours se déchaine sur une mélodie taillée sur mesure dans laquelle il peut exprimer la pleine mesure de ses capacités vocales. Ce n'est pas du tout une chanson romantique, mais plutôt une chanson festive et ultra-rythmée, syncopée par une multitude de dhol et d'instruments à vent dignes du meilleur mariage.

8/10

Khwabon Ki Rani Hai (Udit)

On est clairement en terrain familier (trop ?). La mélodie est ultra-classique et semble être déjà entendue. Les fans, comme nous, de Jatin-Lalit, seront comblés. Néanmoins le manque d'originalité flagrant nous oblige à modérer la note, malgré l'aisance d'Udit en solo.

6,5/10

Kuchh Kar Lo 1 (Shankar Mahadevan, Kavita)

Un titre d'ambiance, assez mystérieux, qui s'inscrit dans la tradition des musiques de thrillers. La mélodie et l'instrumentation nous rappelle une autre oeuvre de Darbar pour le film Deewangee, qui avait aussi inspiré Himesh Reshamiyaa pour le film Humraaz. On verrait bien cette chanson figurer dans un masala de Abbas Mustan.

5,5/10

Kuchh Kar Lo 2 (Sonu, Kavita)

Cette deuxième version est largement plus traditionnelle, puisqu'elle est portée par des choeurs et des percussions, s'inscrivant dans la lignée des oeuvres de Darbar telles que Hum Dil De Chucke Sanam et Devdas. La chanteuse sous-estimée et bien trop rare, Kavita, nous gratifie d'une belle performance.

6,5/10

Kuchh Kar Lo 3 (Kavita)

Cette troisième version de Kuchh Kar Lo est essentiellement instrumentale. Ismael Darbar se lâche et nous démontre qu'il peut réussir quand il veut, des musiques d'ambiance vraiment très réussies.

6,5/10

Tu Meri Mehbooba (Udit)

La chanson promo ne compte pas sur les paroles niaiseuses pour ramener le public. En revanche, sa mélodie imparable et ses notes de mandolines à la "Tujhe Dekha To" de DDLJ nous ramènent dans les grandes heures de la musique de films des années 90. Udit fait une démonstration sur un titre riche, incontournable et qu'on regrette voir se terminer malgré ses 7 min. Gageons quenous aurons la primeur de découvrir de nombreuses courses dans les champs, ainsi que des châles multicolores volants, lors de sa mise en image.

8,5/10

Yaar Tera Shukriya (Udit, Alka)

Le duo romantique par excellence, Udit et Alka, se retrouvent dans ce morceau classique, agrémenté de tablas, violons et même de percussions caribéennes. Même si elle ne brille pas par son originalité, elle ravira les amateurs d'un genre musical aujourd'hui moribond.

8/10

Un voyage dans le temps nous est proposé involontairement par Ismael Darbar grâce à Mehbooba. Ceux qui recherchent l'originalité et les rythmes modernes seront déçus, par contre ceux d'entre vous qui regrettent les mélodies envoutantes d'antan seront comblés par cette BO mélodique et soignée.

Note générale 7,5/10

vendredi 20 juin 2008

Sarkar Raj (2008)

3 Bachchan + 2 gimmicks revus = un gachis


Apatés par la réussite du premier opus sorti en 2005, nous avons plongé dans l'univers sombre (lire insuffisamment éclairé) de Sarkar Raj. On nous promettait un film gangster original et plein de tension, la seule tension que connurent fût celle consistant à maintenir nos lourdes paupières écarquillées. Un nouveau bûcher organisé par Ram "Aag" Gopal Varma.

Malgré le recours à des effets d'éclairage qui se veulent inquiétants et une musique pleine de tension, le film demeure plat et ne parvient pas à nous captiver. La musique omniprésente et assourdissante devient très vite lassante, tout comme les pièces systématiquement plongées dans l'obscurité. Un scénario sans grande surprise digne d'un bon vieux "Hollywood Night" ainsi que des personnages à la psychologie à peine ébauchée limitent l'empathie que l'on ressent à leur égard.


Hormis le jeu maitrisé d'Abhishek Bachchan et dans une moindre mesure celui de son père, pas grand chose à sauver du côté des acteurs. RGV n'est pas capable de retrouver l'intensité des scènes de Company ou Sarkar.
Le seul point intéressant du scénario est malheureusement bâclé et atténue l'effet escompté.
Gageons néanmoins que les fans du clan Bachchan y trouveront leur compte, la facture du film restant tout à fait correcte et supérieure à un Plan ou James.

Par Gorkita et Jawad

4,5/10

lundi 16 juin 2008

Murder (2004)

Sorti en 2004, Murder a défrayé la chronique pour de multiples raisons, la principale étant évidemment la polémique née autour des scènes dénudées de son actrice principale Mallika Sherawat (vue auparavant dans Kwashish). A une époque où le dévoilement de l’anatomie des actrices était encore tabou, le film fit l’objet de protestations très fortes pour être retiré des écrans. Par ailleurs, un an plus tôt un autre film, Jism, avait déjà choqué les puristes à cause de la générosité débordante de l’actrice Bipasha Basu qui nous y montrait l’étendue de ses talents physiques.
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que ces deux films sont issus de la même maison de production, Visheh Films, appartenant aux frères Bhatt.

Si Murder a mis en avant l’actrice Mallika Sherawat pour des raisons visiblement autre que cinématographiques, il a fait également d’elle une star. Le film a récolté un succès totalement inattendu, et est devenu le plus rentable de 2004, rapportant 16 crores et raflant ainsi 4 fois la mise. Il fut le précurseur d’autres productions mélangeant érotisme soft et thriller.
Car Murder est avant un tout un thriller, dénomination un peu prétexte, mais qui suit tout de même les codes du genre. Remake avoué du film américain Unfaithful avec Harrison Ford et Diane Lane, il met en scène une jeune femme, Simran (Mallika), délaissée par son mari Sudhir (Ashmit Patel). Elle revoit un des ses anciens compagnons Sunny (Emraan Hashmi) et va vivre une liaison de quelques semaines avec lui. A noter que le film Unfaithful fut une belle source d’inspiration pour le cinéma hindi, puisque la semaine précédant la sortie de Murder, on pouvait voir sur les écrans indiens Hawas, reprenant la même trame scénaristique mais avec des qualités de production et un casting de seconde zone.

Disons-le d’emblée, Murder n’est pas du grand cinéma. Il s’agit d’un produit bien formaté bénéficiant d’une réalisation soignée malgré un budget minime. L’action se passe à Bangkok, ce qui nous donne l’occasion de voir quelques vues intéressantes de la métropole jusqu’alors peu fréquentée par les réalisateurs indiens. L’autre atout du film est sans nul doute la musique d’Anu Malik, qui met véritablement le film en orbite grâce à ses chansons tubesques. Il a réalisé un bon dosage, alternant des mélodies entraînantes et novatrices, et d’autres plus douces, plus classiques. La bande originale recèle des tubes comme Dilko Hazar ou Bheegi Hont Tere qui ont fait fureur en 2004. On mettra néanmoins un bémol à l’originalité des compositions : le méga-tube Kaho Na Kaho étant tiré de la chanson égyptienne d’Amr Diab ‘Tamally Ma’ak’ sortie en 2000. Cette version a été ensuite reprise par le chanteur pakistanais Amir Jamal. Anu Malik rend à César ce qu’il a volé auparavant, en lui faisant chanter la version de Murder.

On ne s’étalera pas sur les performances d’Emraan Hashmi, ni d’Ashmit Patel (qui s’en sortent bien), mais sur celle de Mallika Sherawat. Elle est crédible du début à la fin dans son rôle de jeune femme délaissée en manque d’affection. Elle excelle évidemment dans les scènes les plus sulfureuses. Mais au-delà de ça, force est de reconnaître qu’elle fait preuve d’un talent vraiment intéressant, et finalement bien supérieur à beaucoup de ses consoeurs tentatrices qui lui ont emboîté le pas. D’ailleurs son rôle dans Pyaar Ke Side Effects en 2006 a confirmé son potentiel artistique.
On retiendra aussi que Murder est le premier long métrage d’Anurag Basu, découvert par les frères Bhatt qui réalisa par la suite Gangster et Life... In A Metro.

Murder ne restera donc pas dans l’histoire pour son originalité artistique : une réalisation des plus académique et un scénario réduit au minimum syndical. Mais on pourra néanmoins apprécier de voir un petit film sympathique, pas dénué de qualités pour autant, et qui malgré sa simplicité, fut le fer de lance d’une vague de films aux concepts similaires, et souvent controversés.

Année : 2004
Pays : Inde (Hindi)
Réalisation : Anurag Basu
Acteurs : Mallika Sherawat, Ashmit Patel et Emraan Hashmi
Scénario : Mahesh Bhatt
Musique : Anu Malik
Producteur : Mahesh Bhatt et Pooja Bhatt
Support : DVD Shemaroo, Sous titres anglais et français

Andaz Apna Apna (1994)




Andaz Apna Apna est l’histoire de deux idiots : Amar (Amir Khan) et Prem (Salman Khan), prêts à tout pour faire fortune. Après avoir liquidé les commerces de leurs parents, ils quittent Bhopal pour Ooty. Ils y font la connaissance de la riche héritière de la famille Bajaj, Raveena (Raveena Tandon), accompagnée de sa secrétaire Karisma (Karisma Kapoor - qui dans ce film garde non seulement son véritable prénom, mais également ses véritables sourcils... à ne pas rater). Afin de mettre la main sur la fortune de la belle, Amar et Prem décident de s’emparer de son cœur. Mais c’est sans compter sur le maléfique sosie du père Bajaj, Teja (Paresh Rawal, excellent dans ce double rôle) et sur le super-vilain masqué ( !) Crime Master Gogo (re- !), qui convoitent eux aussi le magot...


Avec un tel scénario, il eut été difficile de bâtir un drame psychologique. C’est donc une comédie frappadingue qui nous emporte, résultat d’une suite ininterrompue de gags rocambolesques et de situations abracadabrantes. On rit de bon cœur et on ne s’ennuie pas un instant.

Le film est véritablement porté par les excellentes performances des acteurs. Bien sur, Amir est un parfait Amar, son jeu est irréprochable. Plus inattendu, Salman (avant l’hypertrophie musculaire) est extrêmement convaincant et démontre un vrai potentiel comique, peut-être négligé par la suite. L’incroyable Paresh Rawal démontre ici qu’il est aussi à l’aise dans ce double rôle comique que dans le registre dramatique (voir par exemple Tamanna de Mahesh Bhatt).

Les chansons sont sympathiques, sans plus, les images ne sont pas aussi polies que dans les productions ultérieures de Santoshi. Mais là n’est pas l’essentiel : Andaz Apna Apna est une comédie déjantée et hilarante qui n’a d’autre prétention que distraire son public. Une mission accomplie haut la main par ce sympathique film, le seul à ce jour à réunir Aamir et Salman.

Fiche technique : Réalisateur : Rajkumar Santoshi - Année : 1994 - Interprètes : Aamir Khan, Salman Khan, Paresh Rawal - DVD v.o.s-t.a - Durée : 2h34

Khuda Ke Liye (2007)

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La passion de la musique

Khuda Ke Liye est un film pakistanais qui a beaucoup fait parler de lui en 2007. D’une part, en raison du succès qu’il a obtenu : projection dans de nombreux festivals du monde entier (lauréat du festival du Caire), et succès historique au Pakistan avec des recettes d’environ 5 crores... D’autre part, pour le thème qu’il aborde (la religion), et le traitement novateur et salutaire que le réalisateur lui a consacré.

L’industrie du film pakistanais, appelée communément Lollywood (contraction de Lahore et de Hollywood) s’est peu à peu désagrégée à la fin des années 90, notamment à cause des mesures prises par le gouvernement. Si, depuis, l’ambiance est plutôt morose, le film Khuda Ke Liye redonne un semblant de vie à ce cinéma jadis prolifique (jusqu’à 100 films par an). Ainsi, il se démarque des productions habituelles (souvent influencées par le cinéma hindi mais avec des budgets dérisoires et des moyens très limités), qui ne proposent que des films peu fins, et souvent plein de clichés.

Le film de Shoaib Mansoor est tout autre, car il explore la dimension politique d’un sujet très sérieux, et cela de manière assez fine pour ne pas ressembler à une série B. Même si Khuda Ke Liye est son premier film, Shoaib Mansoor n’est pas un novice dans le monde artistique. Après avoir collaboré fortement et même produit le groupe de rock Vital Signs, il a réalisé des clips et pas mal de séries à succès sur PTV, la télévision nationale pakistanaise.

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Tranquille le réveil

L’histoire se déroule au Pakistan, où Mansoor (Shaan) et Sarmad (Fawad) sont deux frères issus d’une famille aisée partageant leur passion pour la musique populaire. Ils essayent de monter des représentations, souvent avortées par les militants islamistes radicaux, qui prônent l’interdiction de la musique pour les musulmans. Un jour, l’un des deux frères sympathise avec un imam radical, Maulana Taheri (Rasheed Naz), qui saura trouver les mots pour amener progressivement le jeune musicien à rejoindre les siens pour participer à la guerre sainte. Celui-ci renoncera alors à sa passion et s’engagera aux côtés des Talibans pour faire passer un message régressif par la violence et la haine des autres. Son frère suivra une voie diamétralement opposée, puisqu’il partagera sa passion musicale dans une école de solfège aux Etats-Unis, pays de la liberté propre à la mixité culturelle. Parallèlement à leur histoire, Leila, jeune fille pakistanaise par son père et américaine par sa mère, souhaite se marier à son copain d’université, un jeune Américain moyen. Son père a d’autres desseins pour sa fille, puisqu’il va profiter d’une de ses visites au Pakistan pour marier Leila de force à Sarmad.

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La sublime Leila

Mais les événements du 11 septembre vont bouleverser la vie de ces trois personnes, et l’insécurité sera vécue des deux côtés du globe terrestre, au Pakistan comme aux Etats-Unis, où la notion de droits ne sera plus la même qu’auparavant...

Khuda Ke Liye (traduisible par Pour l’Amour de Dieu ou Au nom de Dieu), est un film fort, engagé, qui fait réfléchir. Il dépeint deux modes de vie complètement différents, et pose des questions sur la représentation de l’islam dans le monde. Des méthodes employées par les groupes radicaux pour recruter des membres actifs aux conséquences d’un événement comme le 11 septembre sur les populations musulmanes aux USA, le film expose les faits et évite tout manichéisme. Les bons et les méchants sont partout et des deux côtés. On est donc très vite écœuré par les destins tragiques des protagonistes de l’histoire principale.

Evidemment, dans les images dont on a été abreuvé depuis le 11 septembre, que ce soit pendant les journaux télévisés, ou au cours de reportages, le point de vue pakistanais a rarement été exposé, et le film est l’occasion d’avoir une vision différente des événements qui ont précédé ou suivi cette date ancrée dans les mémoires.

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L’après 11 septembre

Portée par une musique originale inspirée de fusion, la bande-son donne une autre dimension au film. Certaines scènes-clé gagnent en émotion grâce à la musique de Rohail Hyatt. Ce compositeur pakistanais n’est pas un novice puisqu’il a été l’un des membres fondateurs du groupe pakistanais Vital Signs, qui connut son heure de gloire à la fin des années 80. De 1987 à 1995, ce groupe de pop a sorti quatre albums, tous produits par Rohail Hyatt, contenant notamment la chanson ultrapo-pulaire Dil Dil Pakistan. On ne peut pas dire néanmoins que l’ensemble de la BO soit homogène, car certaines fautes de goût viennent saborder les jolies compositions qui dominent l’album.

Du côté des prestations de l’ensemble du casting, c’est du solide. Sans être non plus extraordinaire, chaque acteur joue juste.

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Une symbiose musicale

L’acteur vétéran Shaan propose un jeu sobre qui s’intègre complètement au ton du film. Fawad Afzal Khan, à l’origine chanteur fondateur du groupe de rock pakistanais Paradigm (devenu ensuite Entity Paradigm), joue sa partition avec sérieux, interprétant un personnage faible et influençable. L’ex-mannequin Iman Ali a réussi sa reconversion car elle hypnotise la caméra avec son regard et ses expressions. Une vraie révélation, qui a déjà reçu des propositions pour jouer dans des films hindis. La cerise sur le gâteau de ce casting homogène est sans doute la présence de Naseeruddin Shah, qui nous fait la grâce d’une apparition vers la fin du film, avec quelques scènes et tirades vraiment marquantes sur sa vision de l’islam. La scène dans le tribunal, où il réfute une par une les allégations de Maulana Taheri, est un sommet. On peut également souligner que le casting anglophone est compétent, et n’énerve pas le spectateur dans des rôles stéréotypés comme c’est généralement le cas dans de nombreuses productions indiennes.

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Des doutes qui vont tout faire basculer

Dans l’ensemble, Khuda Ke Liye est un film réussi, plein de moments forts, dont le message politique est louable. Une œuvre importante que beaucoup de monde devrait voir, et qui nous montre les contradictions d’un pays et les dilemmes de son peuple. A noter que le film est sorti très récemment en Inde, où il connaît un succès d’estime considérable, plus particulièrement dans les multiplexes, où il réalise des scores inespérés.

FICHE TECHNIQUE :

Réalisateur : Shoaib Mansoor
Année : 2007
Pays : Pakistan
Interprètes : Shaan, Fawad Afzal Khan, Iman Ali, Naseeruddin Shah, Hameed Sheikh
Compositeur : Rohail Hyatt
Scénariste : Shoaib Mansoor
Durée : 2h47
Distributeur : Geo Films
Support : Cinéma

Musique : Jhoom Barabar Jhoom

Après avoir raflé la mise pour leur travail sur Bunty Aur Babli (avec notamment le méga-tube Kajra Re), le trio Shankar-Ehsaan-Loy est de nouveau sollicité par le réalisateur Shaad Ali. Si la BO reflète le fun que le réalisateur a tant espéré mettre en images, la BO n’est pas totalement inoubliable mais reste sympathique.

A l’heure où les bpms électro ont la main mise sur les productions musicales hindi, le trio Shankar-Ehsaan-Loy en profite pour ralentir le rythme et frapper d’entrée avec le titre Jhoom qui est un tube en puissance. Une boucle entêtante et un rythme d’influence punjabi agrémenté d’une basse énorme vous attrapent complètement dès les premières écoutes. La voix rugueuse de Shankar Mahadevan colle parfaitement à l’ambiance du titre et les paroles de Gulzar sont amusantes. En écoutant le titre en entier, on pourra regretter un refrain et une chanson finalement répétitifs à la longue. Mais l’impact créé par la première minute est tellement fort que la chanson mérite le détour.

Pour chauffer la piste de danse, le trio musical nous sort le grand jeu avec un ersatz quelque peu retravaillé de la chanson titre, assorti d’un rythme plus rapide censé faire fureur dans les pistes de danse. JBJ ne mise clairement pas sur la mélodie, mais sur un rythme bourrin et sur une cacophonie vocale qui n’a rien de jouissif. On ne parlera pas des gimmicks en anglais qui ont sans doute pour but de redynamiser le déhanché des NRI, mais on pourra encore s’étonner de la pauvreté du refrain, qui est d’une répétitivité à toute épreuve. Au niveau des paroles, c’est le vide total.

Pour illustrer le clip se déroulant à Paris, Shaad Ali a souhaité utiliser la chanson Ticket To Hollywood. Là encore, S.E.L. mise tout sur le rythme et oublie la mélodie pour distiller ça et là des gimmicks vocaux ou des nappes de synthétiseur. Le tout forme un morceau complètement déstructuré qui pourra déplaire à certains à juste titre, mais qui s’avère assez fun sur le long terme.

Après tous ces bpms et rythmes bourrins, la chanson Bol Na Halke Halke est la bienvenue pour calmer le jeu. Cette fois-ci, c’est la mélodie qui est privilégiée et ce n’est pas pour déplaire aux amateurs de jolies balades. Si elle n’est pas extraordinaire, cette chanson a le mérite d’être une des rares chansons romantiques actuelles pour un film destiné à un public jeune. Les voix de Rahat Fateh Ali Khan et Mahalakshmi Iyer sont parfaites pour nous transporter dans un monde de douceur.

Mais comme le film est destiné à une jeunsesse qui bouge, Kiss Of Love remet en selle les "boum-chack-boum-chack" délaissés le temps d’une chanson. Le résultat est une sorte de pot-pourri (c’est le cas de le dire !) qui s’appuie sur une ligne de basse pourtant efficace mais se perd dans un déluge cacophonique qui veut nous en mettre plein la vue. On a l’impression que S.E.L. nous nargue en nous montrant comment ils rajoutent des effets tape-à-l’oreille et des nappes de synthétiseurs toutes les quinze secondes. Encore une fois les paroles sont totalement absurdes et d’une bêtise abyssale.

S.E.L. s’est visiblement mis en tête que le titre du film est Jhoom Barabar Jhoom, et que le thème du film est recyclable à l’infini. Un pseudo-remix nommé Jhoom Barabar Jhoom rajoute des dhols (percussions), fait intervenir des chants mixtes et nous fait l’honneur de nappes de synthétiseurs jusqu’alors pas encore entendues. Un festival pour conclure l’album, mais qui tourne court lorsqu’on a écouté la version originale. Il vaut mieux basculer de nouveau sur la piste 1 de l’album.

Quand il n’y en a plus... il y en a encore et on a donc le droit à la version instrumentale (Jhoom Jam) du titre phare de l’album, pour nous exercer au karaoké.

Yash Raj nous gratifie d’une BO assez moyenne, qui aurait dû bénéficier de plus d’attention pour être au niveau requis pour ce type de production. Néanmoins, quelques titres plutôt agréables et frais permettent d’y jeter une oreille distraite.


Voir aussi la vidéo du tournage du film à Paris

Box-Office : Inde Bilan 1er Trimestre 2008

Alors que le début de l’année 2008 semble de plus en plus loin, il est tout à fait indispensable de faire un point sur les résultats des films sortis pendant la période du premier trimestre 2008.

HINDI/BOLLYWOOD :

Au Nord, on peut dire que le résultat est plutôt correct comparé à 2007 notamment. Peu de succès modérés, beaucoup de flops, mais des grosses productions qui n’ont pas déçu et qui ont permis de distribuer des liasses de roupies aux producteurs et aux distributeurs.

Si le début de l’année n’est jamais réellement propice à sortir une grosse production, chaque année, certains s’y risquent et en ont fait assez souvent les frais (Family en 2006, Eklavya en 2007). En 2008, les deux grosses productions annoncées pour le premier trimestre ont relevé le défi haut la main.

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Jodha-Akbar

Jodha-Akbaar, la super production d’Ashutosh Gowariker réunissant Hritik Roshan et Aishwarya Rai-Bachchan a réussi, malgré sa longueur (3h25) et les problèmes entourant sa sortie, à se frayer un chemin important dans les grandes villes, notamment à Mumbai et dans les régions du sud. Avoisinant les 60 crores net de recettes, le film est qualifié de HIT/SUPERHIT, notamment grâce à une stabilité au fil des semaines, phénomène de plus en plus rare.

L’autre gagnant, c’est le nouveau film d’Abbas-Mustan, Race, bien parti pour devenir un SUPERHIT. Avec une première semaine à plus de 30 crores net, le film a rentabilisé ses coûts de production. Faisant la loi sur l’ensemble du territoire, aussi bien dans les multiplexes que dans les petits centres, le film a réussi à surfer sur la tendance Style-Bimbo-Action, initiée par Dhoom 2 ou Dus.

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Race

La modeste production Mythia est parvenue à doubler la mise grâce à un scénario original et une réalisation impeccable. L’équipe de Bheja Fry a pu consolider son succès et se révèle être la poule aux œufs d’or du cinéma semi-commercial.

Les autres films n’ont pas pu laisser de trace au box-office (Sunday, Halla Bol), soit par manque de promotion, de qualité ou de talent, soit les trois à la fois....

L’industrie cinématographie attend les blockbusters qui commencent la saison estivale, censée être la meilleure de l’année pour les bénéfices. Ainsi, Tashan, la nouvelle production Yash et son casting prometteur devraient allumer le box-office, tandis que U Me Aur Hum verra Kajol faire son retour après Fanaa en 2006.

TAMOUL/KOLLYWOOD

Le début de l’année tamoule est très délicat. Sur 30 sorties, seul le film Anjathey a pu être classé en HIT incontesté. Ce film de Mysskin (Chittirem Pesuthadi) a fait forte impression auprès du public mais aussi des critiques grâce à sa réalisation, son scénario exigeant et aux performances de son casting principal. Si la durée (3h15) a pu en rebuter certains, le succès est au rendez-vous, et Mysskin est désormais considéré comme un des réalisateurs les plus prometteurs de sa génération.

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Anjaathey

Des succès modérés et innatendus pour Pirivom Santhipom, Vellithirai et Kannum Kannum ont pu sauver l’essentiel. Les autres films ont dans l’ensemble sombré. Si Bheema et Indiralokathil Na Azhagappan ont pu faire illusion la première semaine (grâce à des promotions taillées sur mesure), le verdict a été sans appel. Pas de succès, mais pas non plus de perte d’argent pour les producteurs. Pour les distributeurs, c’est plus aléatoire....

Des films intéressants ont pu se dissocier des masalas basiques sans saveur, mais ils n’ont pas réussi à attirer le public en masse. Prochainement, les cinémas tamouls accueilleront Yaradi Nee Mohini , le remake de Aadavari Matalaku Ardhalu Verule, ensuite Santosh Subramaniyan, le remake de Bommarillu, et Arai 305il Kadavul la nouvelle production de Shankar.

TELUGU/TOLLYWOOD

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Krishna

En Adhra Pradhesh, la saison est aussi contrastée. 2 films seulement ont réussi à remporter l’adhésion du public, sur la vingtaine proposée. Le masala de VV Vinayak, Krishna avec Ravi Teja et Trisha a dominé les deux premiers mois avec des profits importants. Avoisinant les 30 crores, la production a semble-t-il donné des idées, puisqu’un remake est prévu en tamoul.

La surprise est venue d’un petit film, sans promotion et au budget modeste : Gamyam. La sincérité des acteurs et du réalisateur a bluffé les plus réticents, et le film profite d’un bouche à oreille exemplaire pour créer la sensation. Déjà HIT, le film se dirige tranquillement vers le SUPERHIT.

Même s’ils ont obtenu des succès modérés, Mr Medhavi et Ontari ont suscité des avis positifs des critiques et des spectateurs. Les autres films ont montré une fois de plus les difficultés du cinéma telugu à se renouveler. Des masalas antidatés et des comédies romantiques vues et revues ont laissé les spectateurs de glace...

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Gamyam

Les fans attendent maintenant Kantri, le nouveau film de NTR Jr qui est en état de grâce après le succès de l’année 2007, Yamadonga. Pavan Kalyan revient avec Jalsa, autre production qui a créé un buzz énorme à la hauteur de ses 1000 copies prévues en salle (un record).

Naqaab (2007)

Une mascarade risible et en partie efficace

L’équipe du film Humraaz (2002) se reforme pour nous offrir un thriller qui comblera les amateurs de surprises mais qui laissera sur sa faim le public friand d’histoires classiques.

Le slogan du film est : "The most shocking thriller of the year" - le thriller le plus choquant de l’année. Malgré cela, pas de scènes pornographiques ou ultra violentes, pas de morale totalement dérangeante, mais un habile pied de nez en rapport avec le sujet du film dont le rebondissement principal ne sera évidemment pas dévoilé dans la suite de l’article.

Le duo de producteurs-réalisateurs Abbas-Mustan sévit sur le cinéma hindi depuis de longues années. Avec des coups d’éclat tels que Baazigar, Soldier, Baadshah, Ajnabee et Humraaz, ils ont imposé leur style en s’inspirant continuellement de thrillers américains (Harcèlement pour Aitraaz par exemple). Malgré tout, en insufflant des valeurs familiales chères au public ou des éléments masala, ils ont singularisé ces "remakes" pour en faire des films à part entière.

L’une de leurs plus grosses réussites (aussi bien commerciale que cinématographique), Humraaz, en 2002, s’appuyait sur un casting à contre-emploi et des stars en mal de reconnaissance. C’est cette équipe qui se reforme pour créer Naqaab-Disguised Intentions (le titre complet) en espérant réitérer le même succès.
Outre les réalisateurs, on retrouve les acteurs Akshaye Khanna et Bobby Deol, tous deux en difficulté au box-office. Mais l’héroïne de Humraaz, Amisha Patel, n’est pas de la partie. Elle est remplacée par une débutante, Urvashi Sharma, qui s’est fait remarquer auparavant dans des publicités et des magazines de mode.

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Qui est coupable ?

L’histoire de Naqaab débute comme un triangle amoureux classique. Sophie (Urvashi Sharma) est une jeune fille issue d’une famille aisée, qui vit le parfait amour avec son fiancé Karan (Bobby Deol), un milliardaire blasé par son train de vie. Sophie attend autre chose du véritable amour, et celui-ci prend forme lorsqu’elle fait la rencontre de Vicky (Akshaye Khanna). Elle commence à avoir une liaison et Karan va s’en apercevoir au fur et à mesure, mais sa décision ne va pas être celle que l’on pouvait supposer. En effet, les réactions de chacun seront dictées par leur passé et par les choses qu’ils ont à cacher...

Les maîtres du suspense Abbas-Mustan ont une fois de plus trouvé l’inspiration dans un film anglo-saxon, Dot The I, sorti en 2003. On peut leur reprocher ce manque total d’originalité, cela dit ils sont finalement comme des importateurs d’idées, qui adaptent le produit à la demande du marché et du public indien. Mais dans le cas de Naqaab, la pilule est dure à avaler pour des spectateurs qui apprécient de plus en plus les histoires qui sortent des sentiers battus, mais qui aiment avoir des repères dans la narration et dans la construction des personnages.
Et sur ce point-là, Naqaab est déstabilisant. Le scénario est très malin car le film nous emmène sur un chemin pendant la première moitié du film, pour faire totalement demi-tour à l’intervalle. Tout ce qui a été créé en première partie devient totalement obsolète et même tourné en ridicule.

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Passion dangeureuse ou contrôlée ?

C’est paradoxalement le point fort et le point faible du scénario de Naqaab. Soit on adhère totalement et on apprécie le fait que le scénariste se moque de nous d’une façon très grossière, et qu’il saborde le travail effectué en première partie. Soit on déteste, et on se sent trahi par un retournement de situation qu’on aurait pu déjà imaginer, et qu’on penserait ne jamais voir au cinéma tellement celui-ci est énorme. Les réalisateurs s’en amusent même, en imbriquant un film dans le film et en jouant sur la différence minime entre la réalité et la parodie.
Suivant sa réaction, le spectateur se laissera embarquer dans la deuxième partie, ou décrochera totalement et sortira de la salle en trouvant Naqaab très mauvais. C’est justement sa capacité à diviser les opinions qui rend le film singulier.
Car en dehors de cet effet scénaristique, le film se révèle totalement conventionnel, et n’a clairement pas la qualité nécessaire pour mettre tout le monde d’accord. Malgré le budget conséquent, son univers fait un peu carton-pâte, comme beaucoup de film récents d’Abbas-Mustan (36 China Town en tête).

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Dur Dur le réveil...

Cependant, Naqaab a aussi pas mal de qualités techniques et artistiques. On peut apprécier les décors et les paysages de Dubai qui ressortent très bien avec une photographie soignée. Les mélodies de Pritam sont plutôt bien mises en images et font ressortir le potentiel de ses chansons légèrement au dessus de la moyenne. Ek Din est largement la meilleure du lot, la seule qui reste véritablement à l’esprit après avoir vu le film.
Les seconds rôles ne sont pas tous crédibles et certains font un peu figures de "bouffons" censés amuser la galerie. Mais ce genre de personnage fait partie de l’univers d’Abbas-Mustan, qu’on le veuille ou non.

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T’aurais pas pris du poids récemment ?

Une autre particularité du film vient de la composition de chaque personnage principal. Aucun n’a d’intentions pures, et tous ont des objectifs et des intérêts bien précis dans l’affaire. On n’a pas de blanche colombe qui se fait persécuter par le vilain méchant dégoûtant. Les prestations du trio principal sont vraiment adéquates et reflètent bien le choix de personnages ambigus de la part des réalisateurs. Akshaye Khanna campe bien le rôle du manipulateur pris entre deux pièges : celui de son commanditaire et celui de l’amour qu’il éprouve pour la victime. Même si ses expressions sont loin d’être étonnantes, il garde la sobriété montrée dans Humraaz et Deewangee.
Bobby Deol est assez surprenant dans la deuxième partie, où il montre son vrai visage. Tour à tour angoissant par sa folie et burlesque par son look et son dessein machiavélique, il devient même pathétique. En cela son interprétation est réussie, cependant sa coiffure et son apparence sont une insulte au bon goût.
Urvashi Sharma est vraiment la surprise du film. Cette nouvelle venue est pleine de grâce, de vivacité et, surtout, de naturel. D’abord très photogénique, elle dégage ensuite un certain charisme et un magnétisme qui placent sa carrière future sous de bons augures.

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Pleure pas, je vais changer de coupe

Pour avoir osé saboter à ce point son film, le duo Abbas-Mustan mérite des applaudissements. Se moquer du spectateur à ce degré n’est pas donné à tout le monde, et si l’on accepte de se faire manipuler si grossièrement, alors Naqaab est une bonne surprise, un film amusant qui ne se prend pas au sérieux. En décalage constant, il perd néanmoins en émotions et en authenticité. Ces deux aspects importants manquent à l’appel pour tenir en haleine les spectateurs exigeants, qui se sentiront de trop dans cette mascarade quelque peu simpliste.

7/10

Takkari Donga (2002)

En parlant de western, on pense généralement aux films américains, voire même italiens (western spaghetti). Mais il faut aussi prendre en considération désormais le western telugu, qui comme ses modèles américains, rassemble des cow-boys et des indiens. Mais cette fois-ci, pas d’amérindiens à combattre, il n’y a dans le film que des indiens (d’Andhra Pradesh en l’occurrence). Et le résultat est pour le moins inédit.

Le film raconte l’histoire de Raja (Mahesh Babu), un petit voleur de banque, qui reverse la moitié de ses gains à son mentor Veeru Dada (Ashok Kumar). Celui-ci a connu un destin mouvementé puisqu’il a perdu sa jambe droite en voulant s’échapper 18 ans auparavant de Shaka (Rahul Dev), qui a tué son propre frère pour connaître un secret. Veeru Dada s’apercevant que Shaka va le retrouver, confie un gros diamant à Raja et lui demande d’escorter sa fille Bhuvana (Lisa Ray) à la demeure de son frère tué par Shaka. Lors de cette chevauchée, Raja et Bhuvana vont se rapprocher même si le danger va les rattraper. En effet, une voleuse du nom de Pasana (Bipasha Basu), poursuit Raja en compagnie de son oncle afin de lui extorquer les butins qu’il a pu récupérer. Mais la plus grande menace est représentée par Shaka lui-même qui veut rattraper Raja à l’aide d’une armée d’hommes prêts à tout.

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Mon nom est personne, euh Takkari

Disons le tout de suite, Takkari Donga est un ovni dans le paysage cinématographique indien. Si Sholay est considéré comme un film s’inspirant des westerns, Takkari Donga intègre lui tous les ingrédients du western, du saloon à la ruée vers l’or en passant par les cow-boys et les duels au pistolet. Si l’histoire n’est pas spécialement originale, le traitement est complètement nouveau car placé dans un contexte inédit. On s’amuse de voir ces cow-boys, ces paysages de canyon, ces saloons reconstitués avec une trame d’histoire formatée « masala ».

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Mahesh en cascadeur

Les invraisemblances sont très nombreuses et l’enchaînement des plans est quelquefois limite, mais cela fait partie de ce délire orchestré par Jayant C Paranji. Le film est techniquement réussi et malgré le fait qu’il date de fin 2001, il est complètement au goût du jour. Les plans sont beaux, les couleurs ressortent et le son est au niveau actuel. Le réalisateur s’est ensuite illustré en dirigeant Chiranjeevi dans Shankar Dada Mbbs et Balakrishna dans Allari Pidugu . Auparavant il avait réalisé Ravoyi Chandamama avec Aishwarya Rai, Jagapathi Babu et Nagarjuna, et Premante Idera avec Venkatesh et Preity Zinta. Ces deux films ont été ensuite doublés en Hindi sous les noms de Sanam Tere Main Hum et Dulhan Diwale Ki .

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Il était une fois dans l’ouest...

Mahesh Babu est remarquable dans le rôle de Raja, le cow-boy qui vole et tire plus vite que son ombre. A l’aise dans les scènes dramatiques, les scènes d’action ou de comédie, il montre une diversité appréciable dans ses attitudes face à la caméra. Il a l’air vraiment jeune dans le film, mais est parfait pour jouer Takkari. Lisa Ray est doublée mais elle arrive à laisser son empreinte sur le rôle. Pleine de mimiques, assez imbus d’elle-même puis emportée par la romance, elle capte l’écran aussi grâce à une plastique irréprochable et superbement mise en valeur.

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Bipasha version glamour

Bipasha Basu est ici pour de la figuration active. Passé les deux clips dans lesquels elle excelle totalement, les scènes qui lui sont attribuées ne lui permettent pas de dévoiler la moitié de son talent. Par contre on voit nettement qu’elle a changé depuis, car elle était vraiment magnifique en amazone sauvage. Le fait qu’il y ait deux actrices tournant régulièrement en hindi a sans doute poussé les producteurs à sortir une version doublée du film sous le nom de Choron Ka Chor . Rahul Dev est vraiment convaincant en personnage infâme, prêt à tout pour atteindre son but. Les autres acteurs sont dans l’ensemble compétents et maintiennent le niveau du film.

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C’est pas un remake de Bioman ?

Les musiques sont un mélange de chansons classiques qui sont agrémentées d’éléments rappelant le far west, de morceaux orientés techno, et de ballades influencée par le reggae. Une sorte de pot pourri qui est agréable à voir sur l’écran mais qui se révèle dispensable après avoir vu le film. Seule la chanson introduisant le personnage de Raja est excellente et dotée d’un clip tonitruant avec Mahesh habillé en cow-boy, dansant aux côtés de blondes occidentales en short au dessus d’une falaise.

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Mahesh très classe avec son poncho

Si vous voulez tenter un film telugu complètement dépaysant, Takkari Donga est fait pour vous. Le film sera alors idéal pour passer un bon moment plein de fun et voir les éléments du film masala traditionnel déclinés dans un univers inédit pour un film indien. Mais si vous souhaitez voir un film cohérent, avec du sens ou proche de la réalité, passez votre chemin.

Fiche Technique :
Année : 2002
Pays : Inde (Telugu)
Realisation : Jayant C Paranji
Acteurs : Mahesh Babu, Lisa Ray, Bipasha Basu, Rahul Dev, Tanikella Bharani, Raj, Ashoka Kumar, Ravi Chalapati and Surya
Scenario : Satyanand
Musique : Mani Sharma
Producteur : Jayant C Paranji
Support : dvd Kad, sous titres anglais

Vikramarkudu (2006)

Vikramarkudu s’inscrit dans la pure tradition des films d’action telugu ( Athadu , Pokiri ). Un cocktail d’épices variés (bagarre, comédie, violence, émotion) formant un vrai masala à l’ancienne, franchement réjouissant, dans lequel excelle Ravi Teja particulièrement en forme dans un genre où il a déjà fait ses preuves ( Shock , Bhagheeratha ).

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Athili Sathi Babu (Ravi Teja) est un escroc sans envergure à Hyderabad. Avec son acolyte Duvva (Brahmananda) ils enchaînent les arnaques les plus abracadabrantes, profitant de la naïveté du petit peuple. Lors d’un de ces méfaits Athili rencontre la belle Neeraja (Anushka) et très vite naissent entre eux des sentiments. Au nom de leur amour Neeraja demande qu’Athili se range du bon côté de la justice.

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Il lui promet de raccrocher les gants après un dernier coup fumeux : en l’occurrence dérober les bagages d’une riche nord-indienne fraîchement débarquée à la gare. Mais leur butin inattendu (une petite fille) va plonger notre héros dans l’embarras et l’entraîner dans une sombre aventure, le confrontant aux ténors de la pègre locale ainsi qu’à une bande de fanatiques reclus dans les montagnes.

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Toute la première partie de Vikramarkudu est placée sous le signe de la comédie, le réalisateur Rajamouli réussit avec brio le difficile exercice de nous faire rire 1h20 durant en évitant les lourdeurs habituelles au genre. Comédie d’autant plus percutante que le reste du film prend une tournure tout autre : un thriller dramatique et violent particulièrement prenant. En effet, peu avant l’intervalle Vikram Rathod, un alter-ego sosie de Ravi Teja entre en scène. Il est aussi sombre et dur qu’Athili est naïf et drôle. Justicier incorruptible et sans pitié, Vikram a entrepris de nettoyer Hyderabad de ses éléments nuisibles par la manière forte. Bien malgré lui, Athili va être emporté dans le tourbillon de violence qui s’ensuit.

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En 2005 le réalisateur à succès avait déjà signé deux films aussi réussis que différents : le film de rugby Sye et le polar Chatrapathi . Il confirme ici sa maîtrise avec une réalisation classique mais très efficace, qui se permet quelques effets de style particulièrement réussis et jamais gratuits. Par exemple, dans une scène la caméra s’éloigne dans un long travelling arrière d’un personnage laissé pour mort au terme d’un règlement de compte. On découvre alors l’ensemble de la ville d’Hyderabad vue du ciel. La scène se conclut par une vertigineuse redescente vue par le prisme d’une goutte de pluie venant frapper le visage du personnage. Une scène anthologique qui marque les esprits. La photo très travaillée fait ressortir des tons organiques. Ocre comme les chairs. Rouge comme le sang. Glauque et humide. En grand contraste avec les couleurs vives et joyeuses du début du film.

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Vikramarkudu est le premier double rôle de Ravi Teja. On assiste à un véritable One Man Show du roublard moustachu aussi crédible en bouffon désinvolte qu’en vengeur sanguinaire. Anushka apporte une fraîcheur salvatrice, notamment dans les scènes chantées et les tête-à-tête romantiques. Fidèle à lui-même, Brahmananda est l’acolyte idéal (comme dans Jai Chiranjeeva ... et la plupart de ses films) au timing comique parfait. La horde de méchants n’est pas en reste et suscite dégoût et crainte.

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Les chansons sont non seulement agréables à l’écoute mais leur rendu visuel, tout en excès, étoffe le potentiel comique de Ravi, preuve du savoir-faire du réalisateur. Festival de couleurs, de costumes extravagants, de chorégraphies hilarantes et d’attitudes décalées. Une exubérance pleinement assumée au sein de décors magnifiques.

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Seule minuscule ombre au tableau : le climax final qui suscitait d’énormes attentes, traité trop rapidement, un peu en deçà de la qualité du film. Au final Vikramarkudu est un divertissement total, drôle et sombre, violent et exubérant. Une réussite confirmée par un franc succès au box-Office d’Andra Pradesh : onze crores en un mois d’exploitation, classant le film parmi les cinq plus grands succès de 2006. Le personnage d’Athili est devenu à ce point populaire qu’un film Athili Sattibabu LKG lui a été consacré. La Jawad-Gorka team vous recommande vivement Vikramarkudu !

Fiche technique

Année : 2006
Pays : Inde (Telugu)
Réalisation : SS Rajamouli
Scénario : S.S. Rajamouli
Histoire : Vijayendra Prasad
Dialogues : M Ratnam
Musique : MM Keeravani
Acteurs : Ravi Teja, Anushka, Prakash Raj, Vineeth Kumar, Brahmanandam, Ali, Meghna Naidu...
Directeur de la Photographie : Sarvesh Murari
Producteur : ML Kumar Chowdary
Support : DVD KAD Entertainment, Sous-titres anglais, accès direct aux chansons, Widescreen, All zones NTSC.

Okkadunnadu (2007)

Après deux réalisations remarquées et pour le moins acclamées (Aithe et Anukokunda Oka Roju), le réalisateur Chandra Shekar Yeleti revient et s’essaye au film commercial avec au casting la nouvelle star des films d’actions Gopichand.

Gauthami (Neha Jhulka) fait partie d’une agence immobilière et de prêt à Mumbai. Elle fait signer un contrat entre Gowri Shankar (qui possède une banque) et Seth pour la vente d’un appartement. Les 3 mois de délai obligatoires ne conviennent à Kiran (Gopichand), le fils de Gowri Shankar.

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Complicité tellement rare

Il vient presser la jeune fille en demandant l’argent instantanément mais voit ses réclamations refusées malgré ses efforts. Mais dans le même temps, Kiran va se retrouver lié malgré lui au chef de la mafia locale. Sonu Bhai (Mahesh Manjrekar), a besoin d’une transplantation urgente de coeur. Il possède un groupe sanguin très rare, à savoir le groupe sanguin Bombay, c’est pourquoi il recherche les rares personnes qui peuvent l’aider, quitte à les éliminer ensuite. Kiran est également du même groupe sanguin, mais les intimidations de Sonu Bhai et ses méthodes vont plonger Kiran dans une course poursuite impitoyable.

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La méthode de Gopichand pour se faire des amis

Le thème du film est original et l’histoire est plutôt captivante. Le début est haletant, et la recherche des personnes possédant le même groupe sanguin que Sonu Bhai permet au réalisateur de montrer ses talents de monteur et de cadreur. Cependant, l’intrigue amoureuse est assez ennuyeuse. La façon inhabituelle d’aborder la relation en opposant toalement les deux amoureux est distrayante au début, mais par contre le réalisateur n’arrive pas faire évoluer cette relation. Du coup, même à la fin, on ne perçoit que peu de sentiments entre le couple.

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Promenade dans la rue

Les rebondissements sont dans l’ensemble bien amenés,mais de nombreux clichés sont présents et alourdissent le film. Ainsi on a l’impression d’avancer en terrain conquis et la seconde partie n’offre que peu de suspens. Le héros est tellement supérieur à la mafia locale que l’on sait très bien comment le film se terminera. De même, la fin du film est assez abrupte et on a l’impression que le réalisateur a été pressé de finir. Après ses deux films Aithe et Anukokunda Oka Roju, tous deux semi commerciaux et excellents, on était en droit d’attendre un passage au film commercial orchestré de manière explosive. Ce n’est pas le cas, et un autre réalisateur aurait pu arriver à un résultat similaire. Si, au niveau de l’histoire, les bons ingrédients côtoient les moins bons, la partie technique est sans discussions. Les combats sont tout simplement excellents. Certaine scènes comme celle de l’entrepôt sont saisissantes de réalisme et laissent le souffle coupé. Malgré la présence de câbles et de pirouettes totalement improbables dans plusieurs combats, les scènes d’actions sont le point fort du film.

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Peu académique mais efficace

La musique est signée par M.M. Kreem, mais elle est moyenne. Certaines chansons sont très efficaces (Manakakkarledu et Adugadugunaa), d’autres passent assez inaperçu. Les clips sont de bonne qualité, le clip tourné à Dubai est vraiment spécial, avec Gopichand qui joue à Salman Khan le temps de la chanson. On espère vraiment qu’il s’agit plus d’un clin d’oeil que d’une volonté de se prendre au sérieux.

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Un héros pas content

Gopichand porte clairement le film. L’excellent acteur réussit aussi bien les scènes d’actions, la comédie, et surtout il sait très bien jouer "The young angry man". Ses précédents rôles de méchant lui ont servi pour avoir l’air à ce point dans la peau du personnage revanchard. Neha Jhulka n’est pas très crédible. D’une part, son rôle n’est pas bien écrit. D’autre part, son allure et ses expressions sont complètement standard, une autre actrice à la place aurait pu prendre le rôle et lui donner plus de présence. Le méchant principal, joué par l’acteur hindi Mahesh Manjrekar est assez moyen. Il ne surjoue pas mais n’est pas servi par l’écritue du rôle. Ce supossé chef de mafia locale est entouré d’incapables et a plus l’allure d’une marionnette guignolesque que d’un truand sans pitié. C’est Rahul Dev dans un rôle à contre-emploi qui laisse la plus grande impression.

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Un peu bourrin pour faire ses courses !

A partir du sujet traité, on aurait pu avoir un film d’action à suspens, et bourré d’adrénaline. On se retrouve avec un masala typique plutôt facile à regarder, mais qui est en deçà des attentes. La déception ne vient pas du film en lui-même, mais du réalisateur qui avait proposé des films de qualité et originaux. A part le thème qui sort de l’ordinaire, le reste est un film d’action standard, bien réalisé, assez efficace et surtout porté par Gopichand. Si vous n’aimez pas les films d’actions et que vous n’êtes pas fan de Gopichand, oubliez Okkadunadu. Sinon, regardez-le et vous passerez un moment divertissant.

Fiche Technique :
Année : 2007
Pays : Inde (Telugu)
Realisation : Chandra Sekhar Yeleti
Acteurs : Gopichand, Neha Julka, Mahesh Manjrekar, Suman, Nassar, Tanikella Bharani, Rahul Dev, Giribabu, Brahmanandam, Raghubabu, Uttej & Ramesh
Scenario : Chandra Sekhar Yeleti
Musique : M.M. Keeravani
Producteur : Cherry
Support : DVD KAD Entertainment, Sous-titres anglais

Kaadhal Konden (2003)

Petit film au budget serré, à la promotion relativement discrète, Kaadhal Konden fut un succès inattendu, essentiellement dû au bouche à oreille, lors de sa sortie en 2003. Il restera plus de 100 jours à l’affiche, ce qui n’est pas une mince affaire dans le marché mouvant du cinéma tamoul.

Vinodh a grandi dans un orphelinat, dans le dénuement le plus total, mais à l’abri du monde extérieur. Malgré le refus de l’adolescent, le chef de l’établissement, le père Rosario (Nagesh), inscrit Vinodh dans une école d’ingénieur de Chennai. Là il est confronté pour la première fois à la vie dans une grande ville et aux railleries de ses camarades. Une expérience à première vue normale mais qui lui est totalement étrangère. Mis à l’écart par tous, seule la belle Divya (Sonia Agarwal) semble lui prêter attention. Très vite Vinodh se met à éprouver pour elle des sentiments qu’il ignorait jusqu’alors. Mais ce qui semble débuter comme une romance classique tourne au chaos complet : haine, violence et amour se confondent alors dans une plongée étourdissante dans la folie confuse d’une passion mal maitrisée...

Dhanush, déja acteur dans Thulluvatho Ilamai le premier film de Selvaraghavan, n’est autre que le frère du réalisateur. C’est lui qui porte le film par sa performance, d’une incroyable sincérité. Il est tout aussi convaincant en jeune homme innocent, perdu dans un monde qu’il méconnaît, qu’en amoureux qui bascule dans l’inexcusable sous la violence de l’amour. L’histoire est également bien servie par une réalisation sobre et sans fioriture et une bande son agréable due à Yuvan Shankar Raja, également compositeur pour des musiques des autres films du réalisateur. La BO a d’ailleurs remporté un beau succès et attiré de nombreux spectateurs dans les salles. Bien que Selvaraghavan dise volontiers qu’il préférerait se passer de chansons dans ses films, les scènes musicales sont fort bien mises en images et s’intègrent naturellement à la narration.

Kaadhal Konden conte de manière directe une histoire simple et surprenante, même si elle n’est pas dépourvue de certaines invraisemblances. Mené avec efficacité et porté par des acteurs épatants, Kaadhal Konden est un film à part, à voir.
Une version en hindi, toujours avec Dhanush, réalisée par Selvaraghavan lui-même, a longtemps été en projet. Mais elle semble définitivement dormir dans un tiroir. Dommage car ce film demeure une véritable réussite qui révéla Dhanush au grand public.

Fiche technique
Année : 2003
Pays : Inde (Tamoul)
Réalisation & Scénario : K. Selvaraghavan
Interprètes : Dhanush (Vinod), Sonia Agarwal (Divya), Sudip (Aadi), Nagesh (Père Rosario)
Musique : Yuvan Shankar Raja
Support : DVD Tamilini, Format Anamorphic Widescreen, son Dolby Digital 5.1, sous-titres Anglais
Durée : 2h30